La part du dollar dans les réserves de change mondiales atteint son niveau le plus faible en 25 ans

« Nous sommes encore au tout début de la dépréciation du dollar », a déclaré Stephen Chang, un analyste de la firme qui travaille au bureau de Hong Kong, selon des propos rapportés par Bloomberg. « Un facteur important à surveiller est de savoir si un plan de relance budgétaire de phase quatre sera adopté aux Etats-Unis », a-t-il fait savoir dans le même contexte.

Certains experts lisent dans les événements actuels une situation qui conduira vers la fin de la suprématie du dollar comme monnaie de référence des échanges au niveau international. Philip Middleton, vice-président du Forum officiel des institutions monétaires et financières (OMFIF), a publié une opinion récente dans laquelle il explique pourquoi il partage cette vision des choses.

D’après l’enquête du FMI sur la composition en monnaies des réserves de change officielles (COFER), la part des réserves en dollars détenues par les banques centrales a chuté à 59 % au cours du quatrième trimestre 2020, soit le niveau le plus faible enregistré ces 25 dernières années. Certains analystes estiment que cette baisse est due en partie au rôle moins important que joue le dollar américain dans l’économie mondiale face à l’utilisation croissante d’autres monnaies par les banques centrales pour réaliser des opérations internationales. À grande échelle, ces variations dans la composition des réserves que détiennent les banques centrales peuvent avoir une incidence sur les marchés des devises et des obligations.

Notre graphique de la semaine porte un regard à plus long terme sur les données récemment publiées. Il indique que la part des actifs en dollars américains dans les réserves des banques centrales a baissé de 12 points de pourcentage — de 71 à 59 % — depuis le lancement de l’euro en 1999 (plage supérieure), avec toutefois des fluctuations notables durant cette période (courbe bleue). Dans le même temps, la part de l’euro a fluctué autour de 20 %, tandis que la part d’autres monnaies, dont le dollar australien, le dollar canadien et le renminbi chinois, a atteint 9 % au quatrième trimestre (courbe verte).

Quel est le rapport entre les sanctions US et l’utilisation du dollar ?

Il existe deux grands types de sanctions US. D’abord des sanctions basées sur les pays, qui interdisent de commercer soit totalement ou soit sur une liste de produits donnée ; ensuite des sanctions basées sur une liste dite « SDN » (Specially Designated Nationals) de toutes les personnes et de tous les organismes avec lesquels il est interdit de commercer, sous peine d’être « contaminé » et ajouté à son tour à la liste. Si ces sanctions ne sont pas reconnues par l’Union Européenne, une entreprise française pourrait en théorie se tenir à l’écart de certaines de ces sanctions US pour autant qu’elle n’utilise pas le dollar dans la transaction, qu’elle n’emploie pas de collaborateurs américains, et qu’elle ne soit pas présente aux Etats-Unis (qu’elle n’y vende rien et qu’elle n’y dispose d’aucun établissement). Elle se fermerait toutefois les relations avec des partenaires (clients, fournisseurs, investisseurs, etc.) ayant un lien avec les US.

« Les empires s’effondrent rarement du jour au lendemain dans un cataclysme inattendu. Au lieu de cela, ils ont tendance à s’effondrer lentement sur une longue période avant qu’un choc extérieur important – guerre, récession, événement climatique majeur – n’applique le coup de grâce. Rétrospectivement, les historiens identifieront les causes de l’effondrement et exprimeront la surprise que personne ne l’a vu venir », a-t-il fait savoir.

Selon Middleton, le consensus de Bretton Woods qui a placé les Etats-Unis à la tête du monde est aujourd’hui dépassé et doit être réinventé. Il pense qu’il n’y a pas de sens que la monnaie américaine soit toujours utilisée majoritairement dans les échanges mondiaux, alors que la contribution des Etats-Unis au commerce international a été divisée par deux au cours des 30 dernières années.

Quelles sont les alternatives au dollar pour le commerce international ?

Pour beaucoup de pays, la principale alternative est d’utiliser la devise locale. De plus en plus de pays, comme l’Inde, le Brésil, la Colombie ou le Chili, proposent leur monnaie nationale pour payer leurs importations. C’est aussi une manière d’inciter les exportateurs, qui souhaitent se couvrir contre le risque de change, à délocaliser la production chez eux. De leur côté, de plus en plus d’exportateurs cherchent à s’affranchir des risques de sanctions US liées à l’application « extraterritoriale » du droit américain à toutes les transactions réalisées en dollars, et proposent l’EUR ou la devise locale pour établir la transaction.

Autrement…

La meilleure cryptomonnaie d’état qui s’imposera deviendra la nouvelle référence mondiale… La cryptomonnaie de la nouvelle route de la soie semble être la mieux placée.

La part du dollar dans les réserves de change mondiales atteint son niveau le plus faible en 25 ans

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